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Les années passent et les expressions restent. À l’heure où le paysage du travail met en valeur des pratiques innovantes telles que le télétravail ou la semaine de quatre jours, une question nous taraude. L’expression “métro-boulot-dodo” est-elle encore d’actualité ? Décryptage.

D’où vient l’expression “métro-boulot-dodo” ?

Apparue à la fin des années 1960, l’expression “métro-boulot-dodo” pointait du doigt la routine des Parisiens, et plus généralement des citadins. Pourquoi un tel cliché ? Car leur quotidien avait la réputation de se limiter à prendre les transports en commun pour se rendre au travail et en revenir, avant d’enchaîner avec un tunnel du soir somme toute assez rébarbatif.

L’adage a pourtant traversé les métropoles et fait aujourd’hui partie de l’ensemble du paysage linguistique francophone. On l’utilise volontiers pour désigner la routine, quelle qu’elle soit, et quel que soit le mode de vie de chacun.

Métro, mais pas que…

Mais depuis plusieurs années, ce qualificatif assez réducteur semble mériter un petit rafraîchissement. Car même si les transports en commun rythment le quotidien d’un bon nombre de salariés, les horaires et modes de travail, ainsi que l’approche de la vie professionnelle, ont évolué. Des changements qui atténuent la monotonie que l’on pourrait reprocher au métro et à ses substituts :

  • Le télétravail, la semaine de quatre jours ou encore le travail en “full remote”, qui permettent de s’épargner la foule et autres désagréments, en plus d’être des boosters de productivité ;
  • L’installation des bureaux en ras de campagne pour favoriser un environnement dépaysant ;
  • Le développement d’autres moyens de locomotion, et notamment la circulation facilitée pour les vélos, qui offre plus de liberté de mouvement à leurs utilisateurs.

Par ailleurs, les activités possibles durant les trajets en métro ne se limitent plus à la lecture d’un livre ou du journal. Certains usagers profitent de ce moyen de transport pour se divertir et jouer sur leur smartphone, quand leurs voisins préfèrent entretenir leur vie sociale en échangeant des messages avec leurs proches. Enfin, pour d’autres, on parle même de “boulot en métro” puisque la technologie les rend désormais joignables et opérationnels en continu !

Boulot, mais pas trop…

Côté travail, les entreprises multiplient leurs efforts pour changer le quotidien de leurs collaborateurs. Avec l’aide d’un responsable des ressources humaines ou d’un office manager, elles mettent en place diverses actions et activités tout au long de l’année. Parmi les plus appréciées :

  • la mise à disposition d’une salle de sport ou d’un espace détente,
  • l’organisation de team buildings et autres événements d’équipe,
  • des aménagements pour une pause-café enrichie, etc.

Autant de petits suppléments d’âme qui font la différence et se répercutent directement sur la qualité de vie au travail.

Dodo, mais d’abord…

Enfin, l’enchaînement “boulot-dodo” semble, lui aussi, avoir fait son temps. Aujourd’hui, le temps de travail flexible et l’intensification de la nightlife offrent de multiples possibilités de sortir de cette fameuse routine.

Un cours de fitness après le travail ? Un atelier dégustation de vins et fromages avec les collègues de l’open space ? Un pot de départ au bar le jeudi soir ? Tout est prétexte à étendre le délai entre la fin du travail et le saut dans le métro pour rentrer chez soi et reprendre des forces avant de retourner au bureau… ou de profiter d’une journée de télétravail ou de repos !

Une expression qui fait partie de notre patrimoine linguistique

Si l’expression “métro-boulot-dodo” est bien ancrée dans notre vocabulaire, c’est parce qu’elle a su traverser les époques et rester évocatrice. Néanmoins, à l’instar de sa cousine “comme un lundi”, elle est de moins en moins légitime étant donné les changements qui s’opèrent dans le monde du travail. Qui dit mieux ?

Bien que les jeunes et moins jeunes parviennent encore à en comprendre le sens, le rythme “métro-boulot-dodo” demande donc à être remis au goût du jour. À vous de brainstormer en ce sens (autour d’une tasse de café, cela va de soi) !